Un groupe d’agriculteurs du Civam du Ruffecois est parti en voyage d’étude pour approfondir leur connaissance sur différents systèmes de vente en collectif.
A l’initiative du Civam du Pays Ruffecois et en collaboration avec le réseau Civam Poitou Charentes, 8 agriculteurs de différents horizons se sont retrouvés le 10 janvier matin au Comptoir des Lions, magasin de producteurs situé à Saint-Maurice des Lions en Charente Limousine. Dans l’après-midi, le groupe a rencontré différents acteurs de l’association Mont’Plateau, au Lycée Agricole de Montmorillon (86), siège de la structure.
Projet collectif de vente locale
L’objectif de cette journée était de découvrir, comprendre, échanger, faire des parallèles, identifier des freins et des leviers… dans l’organisation collective d’un projet de vente locale.
Au Comptoir des Lions, nous avons rencontré Gaëlle Moreau, animatrice coordinatrice au CIVAM de Charente Limousine, qui a fortement contribué à la création du magasin de producteurs et de la boutique en ligne qui y est associée. Dès le démarrage, 3 associations ont travaillé ensemble sur le projet : le CIVAM, association d’agriculteurs impliqués dans la transition vers une agriculture durable, Ici la Bonne Soupe, une association locale de consommateurs, et Charmille, un groupement de producteurs et artisans du territoire. Il a fallu de nombreuses réunions pour faire aboutir le projet avec la participation active de la commune dans cette phase. Finalement c’est une association qui été montée, « plus simple dans la gestion, pas d’investissement nécessaire », avec des statuts qui ouvrent à l’évolution vers une SCIC ou SCOP. Le magasin de producteurs a ouvert en octobre 2019, appuyer par un financement Leader.
L’après-midi, le groupe a été accueilli par Elsa Favriou-Martineau, animatrice au CIVAM Montmorillonnais pour découvrir Mont'Plateau : projet de territoire visant à associer plusieurs acteurs locaux dans le but d'accroître l'approvisionnement de proximité en restauration hors domicile. L’association met en lien producteur et acheteurs. Elle sensibilise également les citoyens et les politiques aux enjeux de l’agriculture paysanne et agroécologique. Le groupe a échangé avec le chef cuisinier du lycée agricole (Frédéric Turbeau) qui s’approvisionne en partie par Mont’Plateau (principalement viande et légumes), avec un producteur de vache allaitante (Guillaume Coiffard), adhérent de l’association, et avec le président de Mont’Plateau, également directeur du lycée agricole (Guillaume Dupuits).
Ce que l’on retient de l’ensemble de ces échanges
- L’implication des représentants politiques locaux est indispensable pour faire aboutir ce type de projet à l’échelle territoriale, notamment pour structurer et amener les moyens. La rencontre entre les élus et les producteurs fonctionne bien pour convaincre ces premiers.
- Il faut beaucoup communiquer pour expliquer la démarche auprès des élus, des jeunes, des consommateurs, etc. Cela passe par des animations, par les outils numériques, mais aussi par l’organisation de forum et de rencontres.
- Il faut un salarié pour faire du lien entre acteurs et gérer la communication. Ce salarié doit posséder de nombreuses connaissances : celui du monde agricole, celui du monde associatif et celui du fonctionnement des collectivités. Mais il y a des difficultés de financement de ces postes, et la mise en relation des acteurs n’est pas chiffrable ! Des conventions pluriannuelles seraient préférables aux appels à projet pour la stabilité des projets.
- Des personnes motrices facilitent toujours la mise en œuvre d’un projet local. La volonté des acteurs clés est fondamental, ici la capacité d’adaptation du cuisinier du lycée agricole est un bel exemple !
- L’inflation est mieux maitrisée dans le commerce des produits locaux.
- Ce qui reste à résoudre dans de nombreuses initiatives : la conception de projet prend beaucoup de temps. Comment ne pas épuiser les personnes impliquées ? comment faire venir de nouveaux participants (non convaincus à l’origine) ?
- Les temps et coûts de livraison dans ces démarches territoriales représentent des enjeux logistiques majeurs.
- L’implication des bénévoles est un pilier de réussite mais nous relevons que dans le secteur agroalimentaire il n’est pas toujours facile de leur imposer les normes et règles d’hygiène, malgré des engagements signés…
- Se fédérer est essentiel! Il faut faire du lien et il faut savoir l’orchestrer l’échelle d’un territoire.
Cette journée d’échanges a beaucoup plu à tous les participants.
En conclusion : Manger c’est économique ! Manger c’est politique ! Manger c’est Le gout d’un territoire !