Nouvelle-Aquitaine Initiative pour une agriculture
Citoyenne et Territoriale

Le GIEC a publié le 20 mars la synthèse de son 6e rapport d’évaluation, qui décrit des changements d’une ampleur inédite, avec des effets néfastes dans le monde entier.

camille etienne x rac carrousel synthese giec 01 700x700Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a publié en avril 2022 son dernier rapport Atténuation du changement climatique, qui présente des solutions pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre et limiter les conséquences du changement climatique. C’est la troisième et dernière partie du sixième rapport d’évaluation, qui repose sur le consensus de centaines d’experts du monde entier.

  • La première partie de ce rapport alertait sur l’irréversibilité des mutations entraînées par le changement climatique. Il revenait sur la compréhension physique du système et du changement climatique.
  • Le deuxième volet détaillait les impacts du changement climatique et démontrait l’importance de ne pas dépasser les +1,5°C. Il abordait davantage l’interconnexion entre la nature, le climat et les populations. Il est consacré aux impacts déjà observables ou à venir de la crise. Le groupe d’experts ne s’intéresse donc plus uniquement aux efforts à faire mais propose des solutions.
  • Cette troisième partie évalue les différentes solutions pour y parvenir.

Les solutions existent, la volonté politique moins

Les scientifiques exposent des solutions concrètes pour remplir nos objectifs climatiques… à condition d’une volonté politique pour les mettre en œuvre. C'est ce qu'InPACT plaide depuis de nombreuses années.

« Dans tous les secteurs, nous disposons de solutions pour réduire au moins de moitié les émissions d'ici 2050 », ce qui est nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques. Parmi les mesures à mettre en place, le rapport met en avant la transformation des modes de vie, la fin des énergies fossiles au profit des renouvelables, la modification de notre alimentation. En effet, cela passera par une alimentation saine issue d’une agriculture durable. réduire au moins de moitié les émissions. Le rapport préconise notamment d’améliorer les systèmes agricoles et d’engager des changements dans les pratiques. «Les agriculteurs peuvent accroître la résilience climatique de leurs entreprises en diversifiant leurs cultures et leur élevage, en plantant des arbres et des arbustes sur les champs pour l’ombrage et la fumure organique (agriculture agroécologique) ».

230130 brochure climat mock upLe Réseau InPACT a travaillé en 2022 à la capitalisation des pratiques mises en place au sein du Réseau dans la Région pour s'adapter au changement climatique. Ces mesures d’adaptation que nous proposons sont pensées avec les paysan-nes et les salarié-es de notre Réseau, de manière à prendre en compte les spécificités locales, les besoins, les contraintes, les techniques. Cette publication ne se veut pas exhaustive mais souhaite présenter quelques solutions à essaimer pour à la fois atténuer le changement climatique et s’y adapter (pour en savoir plus cliquez-ici)

Il est urgent d'agir

Ce dernier rapport souligne l’immense fragilité du secteur agricole qui doit se réinventer pour répondre à l’impératif de sécurité alimentaire des populations. Nouveaux comportements des plantes et des animaux, multiplication et intensifi cation des aléas climatiques, il nous faut repenser les fondements de l’activité agricole telle que nous les avons pensés depuis la fin de la seconde guerre mondiale.


À l’échelle mondiale et selon le GIEC toujours, le secteur agricole est responsable de 23% des émissions de gaz à e et de serre (GES). Le Haut Conseil pour le climat alerte sur le rythme de réduction insuffisant. De façon générale, le réchauffement du climat a des conséquences sur l’agriculture, les précipitations extrêmes, les ressources en eau, la biodiversité, les vagues de chaleur.


« Pourra-t-on continuer à suivre un modèle qui porte une part de responsabilité dans la dégradation de l’état de la planète, quand il épuise les sols, ampute dramatiquement la biodiversité, participe au déboisement, surconsomme et pollue les réserves hydriques et contribue lui-même au réchauffement? L’agriculture ne devra pas seulement s’adapter, elle devra aussi changer.»* Les anciens logiciels sont encore trop ancrés. Le monde agricole doit se remettre en question. Il n’y a pas que les sols qui doivent être régénérés… Les générations d’agriculteurs aussi. Pour faire face à ces enjeux, les agriculteurs doivent repenser leurs modes de production, et notre Réseau est là pour les accompagner. Changer pour réduire ses émissions et adopter des pratiques plus durables est un enjeu d’autant plus essentiel pour l’agriculture qu’elle est la première à souffrir du réchauffement.

Réinventer le modèle agricole

Les scientifiques du GIEC notent qu’«on ne fait aujourd’hui pas les mêmes récoltes que celles qu’on fera demain», «les demi-mesures ne sont plus une option», insiste Hoesung Lee, le président du GIEC. «Une action ambitieuse et accélérée est nécessaire pour s’adapter au changement climatique». Point sur lequel nous avons insisté lors de notre rencontre avec Alain Rousset, Président de Région, le 28 février dernier (lire l'article).

Ces évolutions appellent une réponse d’une ampleur inédite de la part de la profession agricole. Il nous faut penser une trajectoire d’adaptation dans des délais très courts.

groupe giee HBPrécurseurs dans la transition agroécologique, ce contexte nous pousse, nous Réseau InPACT, à nous ajuster, nous réinventer. Nos membres disposent
d’expertises complémentaires en matière d’accompagnement des changements de pratique
. Notre capacité commune à concevoir, tester, déployer des dispositifs innovants fait notre force. Nos fermes ont déjà initié des chantiers pour limiter leur part de responsabilité. Depuis des années, nous nous attachons à repenser le modèle conventionnel. Nous nous engageons dans des démarches collectives d’amélioration de l’environnement.

L’agriculture citoyenne et territoriale que nous défendons et pratiquons au quotidien, montre qu’il est possible de replacer l’agriculture comme source de solutions: relocalisation de la production, développement de l’agroforesterie, de la polyculture-élevage, pratiques plus économes en eau, diversifi cations des productions, utilisation de semences anciennes et d’espèces plus adaptées, gestion plus durable des sols, élevage extensif, etc.

 * Bénédicte Manier, journaliste, essayiste, www.alternatives-economiques.fr, 02/08/2022.