Objectif ? stabiliser le système : garder le cap agronomique en travaillant sur la capacité de rétention de l’eau par les sols, renforcer les capacités du maïs population dans sa résistance à la sécheresse et envisager l’irrigation comme une sécurité plus qu’un besoin systématique.
Didier Margouti est installé sur la commune de Saint-Antoine-De-Breuilh depuis 1993 en polyculture-élevage sur 70 ha, sur lesquels il produit des céréales (AB), des veaux sous la mère (AB) et des canards gras en vente directe. La Ferme des Gardes se situe dans la vallée de la Dordogne, caractérisée par un sol limono-sableux très filtrant.
Qu’est-ce que le maïs population ?
C’est une semence issue de sélection paysanne, que l’on peut librement resemer et sélectionner pour l’adapter à sa ferme. L’utilisation des maïs population permet l’autonomie semencière en pratiquant une sélection massale annuelle (pas besoin de racheter la semence). En revanche, cette charge non dépensée est compensée par le temps passé à la récupération des semences population.
Adaptation des cultures : choix du maïs population
Il y a nécessité d’adaptation pour 2 raisons.
- Tout d’abord une responsabilité citoyenne en tant que paysan conscient de la limite de la ressource en eau et des niveaux des nappes phréatiques.
- Une redevance sur les volumes de pompage est appelée, elle va s’amplifier dans les années à venir et imposera de limiter les prélèvements.
Le maïs population est moins exigeant en eau et en intrants (ramenés à l’hectare) mais moins productif que les maïs hybrides (qui sont plus efficients au litre d’eau apporté/kg produit). Son intérêt économique est moindre sur les marchés classiques, mais il trouve une place intéressante dans un système autonome en polyculture- élevage (autoconsommation, vente directe…). Il présente des valeurs nutritives très intéressantes, il est utilisé sur la ferme pour l’engraissement, la finition des veaux et des vaches et pour le gavage des canards.
Enfin, le maïs dans la rotation est un atout essentiel pour le maintien du taux de matière organique des sols. Sa capacité de production de biomasse est très importante et donc propice à la rétention d’eau par le cycle de dégradation de celle-ci.
Une réponse globale à la gestion de l’eau
Par principe, une ferme en polyculture-élevage en agriculture paysanne a la capacité de capter et de retenir l’eau grâce à son système herbager et ses couverts arborés (haie, bosquet, sous-bois…). Le pâturage sur de longues périodes implique la présence de beaucoup de prairies naturelles et artificielles. Cette végétation plus ou moins pérenne entretient le taux de matière organique du sol grâce à de bonnes pratiques (tonte des refus, apport de végétaux ligneux, fumier, lisier…).
La mise en place de couverts végétaux entre les cultures céréalières diversifiées produit de la biomasse, qui immobilise l’eau par le dynamisme de la vie du sol et des végétaux qui l’utilisent. Cela favorise aussi la pénétration de l’eau dans les sols.
Globalement, la Ferme des Gardes pratique une technique culturale simplifiée (TCS) et tend vers l’agriculture biologique de conservation des sols (ABC) : réflexion sur les enchaînement de cultures, association de cultures, nouvelles cultures… C’est une démarche à long terme qui intègre pleinement la problématique du cycle de l’eau sur la ferme.
"Par rapport à mon système, sa cohérence et mes valeurs, j’ai opté pour un système d’irrigation minimaliste, relativement optimisé par rapport aux objectifs que je me suis fixés. C’est une illusion d’envisager une agriculture qui se prive d’eau. L’agriculture doit se questionner sur son usage de l’eau, pour collectivement ne pas la gaspiller, mais il est de notre droit et devoir de se rappeler que l’eau est indispensable à l’activité agricole."
Didier Margouti, Ferme des Gardes