Nouvelle-Aquitaine Initiative pour une agriculture
Citoyenne et Territoriale

Après une première édition réussie en 2021, le Salon à la ferme, organisé par la Confédération paysanne, la FADEAR et les Ami.es de la Confédération paysanne, a eu lieu du 22 février au 8 mars 2022, sous la thématique nationale du renouvellement des générations. InPACT était invité.

Traditionnellement, le Salon international de l'Agriculture se déroule fin février-début mars au Parc des Expositions de Paris, porte de Versailles. Face à l'annulation de l’édition 2021 de cet événement qui met habituellement en exergue pendant quelques jours les problématiques agricoles, la Confédération paysanne avait décidé d'organiser l'opération "Le Salon à la ferme" partout en France.

Ils ont choisi de reproduire ces opportunités en 2022. Le Réseau InPACT était convié à l'événement majeur de cette nouvelle édition organisée par la Confédération Paysanne Nouvelle Aquitaine, le 4 mars chez Éric GERMOND. Cette journée nous a emmené sur les traces de son parcours de transition vers une agriculture écologiquement viable et socialement juste.

Ces moments de rencontre, 100 % paysans, sont l’occasion d’engager le débat avec les citoyennes et citoyens, et les élu.es.

L'Histoire d'Eric

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Éric GERMOND est installé depuis 1990 à Chabanais, en Charente Limousine. Il est éleveur de bovins allaitants de race Limousine avec 20 hectares de cultures par an (maïs, ray-grass et céréales). Né et formé dans un milieu très conventionnel, il travaille selon ce que lui dicte la chambre d’agriculture et les techniciens des coopératives. En 1995, il a 60 hectares et 80 vaches, un chargement de 2,40 unités de gros bovins (UGB) par hectare, le camion de granulés qui passe tous les 2 mois. Il est autonome à 70%.

Eric a d'abord suivi les sirènes du productivisme et du capitalisme, comme il aime à le dire : "Je maitrisais tout : la nature, les animaux", c'était un bon soldat. Il ne se plaignait pas et ses résultats dépassaient l'entendement des techniciens agricoles. Mais la vie est là ici présente, elle se cache, attend son heure, le temps des choses et de la nature est avec elle. Un jour, un événement climatique frappe sa ferme et le met en difficulté :

« Après la tempête du 27 décembre 1999, 12 vaches et génisses ont avorté ou mis bas avant terme, ce fut un séisme car pour la première fois en 10 ans de métier, je ne maîtrisais plus la nature et les animaux ».

Il décide de changer de modèle pour aller vers la résilience et diminuera son cheptel de 2 vaches par an pendant 10 ans. Au fil des années, la ferme change radicalement : il plante 10 000 arbres (soit 7km de haies), restaure mares et zones humides, diminue sa consommation de gas-oil, travaille la génétique de son troupeau, ses semences, et décapitalise son outil de travail.


Aujourd’hui, il a 30 vaches pour 66 hectares. Il est autonome à 100% et a atteint une bonne stabilité économique. Après avoir été « la honte de la famille » lors de son passage en agriculture biologique, s’être mis ses collègues à dos, il ne reviendrait pour rien au monde en arrière. Il estime être aujourd'hui un paysan heureux de nourrir sainement ses voisins et de répondre aux attentes sociétales.

« J’étais un Exploitant Agricole, Je suis devenu paysan heureux »

L'installation-transmission au coeur de l'agriculture paysanne

La ligne directrice de cette ferme ouverte est la thématique de l’installation – transmission. Par l’anticipation de la transmission de sa ferme, Éric nous montre la voie vers une agriculture durable, une vision de long terme. Il ne souhaite pas endetter le ou la jeune qui reprendra un jour son outil de travail, mais l’installer grâce à Terre de Liens et lui transmettre une ferme viable et rentable dès son premier jour de travail. Par cette anticipation, il est de fait attentif à la nécessité de préserver les terres agricoles et l’environnement ; la liberté et le bien-être ; l’autonomie dans la décision ; l’autonomie alimentaire, permise par la formation et le réseautage ; le changement de modèle. Autant de thématique abordées lors de la visité.

20220304 113849Éric GERMOND est d'abord revenu sur l’évolution de son histoire personnelle, les déboires qui l’ont conduit à questionner ses anciennes pratiques et les conclusions qui l’ont convaincu qu’un autre modèle agricole était souhaitable, non seulement pour lui, mais pour toute sa famille.
En retraçant les principales étapes de sa transition vers une Agriculture paysanne, nous avons découvert les outils dont ce paysan passionné à su faire usage pour élaborer et concrétiser son projet.

 

 

20220304 123102Puis une présentation des organisations qui ont accompagné Éric GERMOND sur son parcours ont été faites suivi d'un échange avec les invités : élus, citoyens, consommateurs, partenaires. "L'avenir de l'agriculture se fera Hors Cadre Familial", Virginie Lebraud, Conseillère Régionale en charge de l'installation

 Un Réseau pour l'accompagner au changement

Eric choisit de construire son nouveau système sur l'autonomie. Il définit alors une stratégie basée sur la montée en compétence et l'ouverture aux autres. L'autonomie est alimentaire, il la construit avec le CIVAM et CBD pour ses semences. Il va y construire aussi son autonomie en compétences qu'il saura transmettre aux autres. L'ouverture c'est renforcer ses liens avec la citée via Charente Nature, il regardera sa ferme sous l'angle du beau. Ici vivent de multiples individus animaux, végétaux et humains en harmonie. Il se tourne aussi vers Prom'haies et plante 10 000 arbres, 7km de haies.

Désormais Eric veut transmettre, ses enfants passeront par l'ADEAR et je crois que Terre de liens aidera à l'installation. Eric a changé son réseau de références pour changer les références de son lieu. Il a dit stop à l'exploitation : cette approche agricole qui oppose l'humain à la nature. Mais Eric a besoin de nous, de vous. Il a besoin de maintenir un écosystème favorable à l'installation de ses enfants. Nous citoyens, nous consommateurs, nous élus nous avons besoin que la ferme d'Eric se transmette dans les meilleures conditions et qu'elle puisse continuer à nous nourrir au sens large.

Nous souhaitons tous une transition agricole, une révolution verte plus proche de la nature. Elle ne se fera que si comme Eric nous faisons confiance au Réseau InPACT et à ses 10  structures adhérentes. Nous sommes la chambre d'agriculture de la transition. Alors comme Eric changez vos réseaux de références pour changer notre lieu de vie, la terre et cultivons ensemble la biodiversité.

Nous souhaitons un monde où nos paysans autonomes nourrissent leurs voisins. Aujourd'hui plus que jamais il est tant d'amorcer la transition.

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 Je conclurai par le dernier rapport de GIEC qui nous impose l'adaptation. Les mesurettes d'atténuations n'auront aucun effet si nous ne changeons pas tout et tout de suite nos modèles de productions vers des modèles nourriciers. Pour nous confédération paysanne il est urgent de mettre en avant des paysans heureux pour attirer des jeunes "hors cadre familiaux" à s'installer, à reprendre nos fermes, à faire vivre nos campagnes, à nourrir le beau, le bon et le bien. Eric a vécu un effondrement et s'est relevé sachons tirer partie de son expérience pour transmettre massivement le goût de la vie, pour nous éviter peut être de vivre un effondrement. Pierre Antoine Raimbourg, Représentant du Comité National de la Confédération paysanne, Adhérent CIVAM, éleveur à la ferme de Gorce.